Vahid, votre nom est sans cesse évoqué ici. Qu'en pensez-vous ?
Je suis rentré d'Arabie Saoudite depuis trois ou quatre jours. J'ai regardé le dernier match de Nantes à Rennes, et cela m'a fait de la peine. Nantes 19e, il y a quelque chose qui ne va pas. C'est une situation difficile, très compliquée. Je sais qu'on parle de moi, mais je n'y suis pour rien. Et je ne voudrais surtout pas ajouter aux problèmes de tous ceux qui se battent pour essayer de redresser la situation.
Est-ce le classement, ou le jeu de Nantes qui vous peine le plus ?
C'est un tout. Mais, il serait facile de jouer les donneurs de leçons. Je ne peux pas me le permettre. D'autant que tout ce que je peux dire va être analysé, interprété... J'ai connu Nantes à l'époque où c'était une référence, dans le jeu, mais pas seulement. Dans l'ambiance familiale, l'accueil aussi. Et aujourd'hui, le club est tombé très bas. Mais ses problèmes ne datent pas d'hier.
Avez-vous été approché par les dirigeants nantais ?
L'été dernier, j'ai été abordé deux ou trois fois, et j'ai dit des choses. J'ai même averti les dirigeants que ce serait très dur. Ils ont pensé autrement. Ils pensaient jouer la coupe d'Europe, ce qui me paraissait démesuré. Désormais, je suis loin de Nantes. On me rapporte beaucoup de choses. Mais je ne peux pas être totalement objectif dans mes jugements.
On prétend que l'affaire ne s'est pas conclue car vous vouliez les pleins pouvoirs sportifs...
Mais quand un entraîneur n'a pas les pleins pouvoirs dans son domaine, comment voulez-vous qu'il fasse ? J'ai l'impression que, de plus en plus dans les clubs, tout le monde dit ce qu'il faut faire. Certaines fois plus que l'entraîneur lui-même. Non, si on n'a pas le pouvoir de construire, je ne vois pas comment on peut réussir comme entraîneur. Car tout le monde veut le pouvoir, mais tout le monde ne veut pas les responsabilités ensuite. Avec moi, les choses doivent être claires. Je dis ce que je pense.
« Si le FCN venait à descendre, on dirait : c'est Vahid »
Si vous deviez être contacté par Nantes, seriez-vous tenté de dire venir ?
Je ne réfléchis pas à ça. Pour le moment, je suis au repos et j'ai envie de profiter de ma famille. J'ai déjà reçu 5 ou 6 propositions, pour l'étranger. J'aimerais recommencer à travailler en France, mais quand ? Et puis, la situation de Nantes est dramatique. Est-ce que le club peut encore se sauver ? Ce sera très, très difficile. J'ai vécu ce type d'expérience à Rennes. Ça vous pompe complètement. Six mois de bataille pour se maintenir, ça équivaut à deux ans en situation normale. Mais je ne sais pas quelle est la situation du club exactement. Parce que, si tout le monde ne tire pas dans le même sens, même le meilleur entraîneur du monde ne peut rien.
Pour l'instant, il n'est donc pas question que vous veniez...
Je ne peux pas vous dire. Je sais seulement que c'est un boulot énorme. Quand j'ai signé à Rennes, tout le monde me disait : tu es fou. Car c'est votre crédibilité qui est en cause. Si le FC Nantes venait à descendre, on dirait, c'est Vahid. C'est ce qui resterait. Mais j'ai eu l'occasion de venir plusieurs fois déjà. Ça ne s'est pas fait. Moi, j'étais plein de bonne volonté. Ce n'était certainement pas une question d'argent comme j'ai pu l'entendre. Car si on veut de l'argent, on n'écoute même pas Nantes, on va à l'étranger comme je viens de le faire.
Et si Nantes devait descendre, seriez-vous prêt à relever le challenge de la remontée ?
(Soupir) Recommencer le travail en Ligue 2, c'est autre chose. Maintenant que j'ai connu la ligue des champions avec Lille, avec Paris. Je ne sais pas. Il ne faut jamais dire jamais. Mais ce serait difficile.
On sait que les supporters vous contactent. Que vous disent-ils ?
Ils me posent la même question. Même des amis nantais avec lesquels je suis resté en contact me demandent : « alors, tu viens · » J'ai des anciens partenaires aussi, avec qui nous partageons notre tristesse de voir le club dans cette situation. C'est quand même impressionnant de voir encore 30 000 spectateurs à la Beaujoire. Je n'ai pas envie de donner de leçons, mais Nantes mérite vraiment autre chose. Bon, on verra. J'espère un jour entraîner Nantes. Mais quand ? En tout cas, dîtes bien à tout le monde là-bas que je suis de tout coeur avec eux.