Robert Budzynski a retrouvé le chemin de la Beaujoire. L'absence d'un véritable buteur n'est pas un dossier étranger pour l'ancien directeur sportif du FC Nantes.
Les dirigeants nantais scrutent sur le marché des avant-centres à la recherche d'une bonne affaire. Combien faut-il compter pour un buteur ?
« Un attaquant de haut-niveau nécessite un engagement financier à 90 % supérieur aux autres postes. Le gars qui vient chez toi, s'adapte et te les met au fond, c'est à quatre à cinq millions d'euros minimum ! En dessous, tu ne trouveras pas. Après, il existe une réflexion propre à Nantes. »
Encore la spécificité nantaise ?
« On va remonter dans le temps. Cette époque ne prêtera pas à discussion ! En janvier 1974, on a pris Hugo Curioni. C'est le premier attaquant que j'ai recruté. Il est arrivé un 2 janvier 1974 et est reparti le 25 décembre de la même année. Entre temps, il en a tout de même marqué 23 en championnat, seulement on a dû s'en séparer car José Arribas voulait un joueur plus technique et qui s'intègre mieux au profil de notre jeu. D'autres entraîneurs vont te réclamer le pur chasseur, style Moldovan. Lui, c'était l'efficacité. Tu ne lui demandais rien d'autre que de traîner dans les trente derniers mètres. En fait, tout dépend du reste de l'équipe. Un, le plus souvent, je n'avais pas le profil correspondant. Deux, quelquefois, l'attaquant que j'ai amené se voulait soit trop altruiste ou soit trop égoïste. Nantes reste une équipe où le collectif est mis en avant, il recherchera donc davantage un neuf et demi, style Éric Pécout. Le joueur travailleur, sachant se replier et participer au jeu. Comme il doit savoir également frapper dans n'importe quelle position, vous arrivez à un joueur hors norme, d'où les difficultés financières et la nécessité de parier sur un jeune. »
Et Dennis Oliech ?
« Ce n'est pas un mec qui possède des facultés pour trouver le cadre. En revanche, il dispose de qualités de vitesse, de détente et de demi-tour exceptionnelles, hors-norme. Il faut par conséquent qu'il ajoute des capacités techniques à son jeu pour que le ballon ne lui échappe pas du pied un mètre plus loin, pour qu'il n'ait plus besoin de trois ou quatre occasions pour en filer une au fond. Pour cela, il a besoin de retrouver confiance et surtout de continuer à travailler. Pour moi, il s'agit uniquement d'une question de répétition. Tu te mets devant le but, dans toutes les positions et... Je me souviens de Vahid Halilhodzic. Combien de fois il répétait ses gammes en fin de séance. Ça viendra, faut-il encore que Dennis le veuille bien... »
Quand on dispose de deux jeunes avant-centres en devenir, quel peut-être l'intérêt de leur adjoindre de la concurrence avec un joueur plus expérimenté ?
« C'est toujours hyper intéressant d'avoir un exemple. Automatiquement, les jeunes vont enregistrer et le coach s'en servir consciemment : « regardez, lui, il n'a pas besoin de contrôler la balle pour la mettre au fond, sur ce genre d'action il reprend de volée ». Le fait de le voir jouer, de partager avec lui les entraînements, va faire que tu enregistres. Tu ne vas pas chercher à copier, mais à trouver comme lui le geste juste. En plus, il va te transmettre cette logique d'égoïsme. Moldovan a beaucoup apporté. »
Vous avez longtemps regretté de ne pas avoir été suivi concernant le recrutement de l'Argentin Farias. Que devient-il ?
« Il a fini meilleur ou second buteur du championnat argentin la saison dernière avec River ou Boca. Depuis, cela va un peu moins bien. En terme de joueur, c'était Moldovan avec davantage de subtilité technique. Il était plus que redoutable. C'est du genre 130 buts en 180 matches. »